Tanith

Tanith
Mythologie
Phénicienne
Nom
Tanit
Autres noms
Tinnit, Tinêt, Tannou, Tangou
Fonctions principales
Déesse de la fertilité, des naissances et de la croissance
Représentation
Femme stylisé, levant les bras au ciel.
Région de culte
Phénicie, Catharge
Temple(s)
Serepta

Présentation

Tanit, ou Tinnit, est une déesse phénicienne d'origine berbère, qui était chargée, selon les croyances carthaginoises, de veiller à la fertilité, aux naissances et à la croissance. Elle était la déesse tutélaire de la ville de Serepta (ou Tsarephat), ville phénicienne fortifiée située au nord de Sarafand entre Sidon et Tyr dans l'actuel Liban.

Cependant, le culte de cette déesse prit de l'ampleur dans la célèbre cité punique de Carthage en Tunisie où elle était surnommée Oum (« mère »). Néanmoins, après la chute de la cité, la déesse Tanit fut assimilée par les Romains comme une forme particulière de Junon, Iuno Caelestis, vite devenue Caelestis.

Tanit est également assimilée à Astarté chez les Phéniciens, Ishtar chez les Babyloniens, Innana chez les Sumériens, Vénus chez les Romains, Aphrodite et Didon chez les Grecs, Isis chez les Égyptiens, Anaïtis chez les Lydiens, Dercéto chez les Syriens, et Mylitta chez les Chaldéens d'Assyrie.

À l'avènement du patriarcat phénicien, Tanit fut, semble-t-il, épousée de force par le nouveau dieu-père Ba'al Hammon. Selon leurs ennemis romains, les Carthaginois pratiquaient en leur honneur le sacrifice par le feu (holocaust / molk) de tous les premiers nés.

En Tunisie, la coutume veut qu'on invoque Oumouk tangou ,ou encore Omek tannou ("la Mère Tangou" ou "Tannou" en arabe tunisien) pour apporter la pluie lors de périodes de sécheresse, tandis qu'en Égypte, le nom de Tanit signifie « Terre de Neith », cette dernière étant une déesse de la guerre.

À noter que la déesse Tanit est souvent représentée par une gravure ressemblant à un personnage stylisé, levant les bras au ciel.

Histoire

Mystérieuse déesse d'origine phénicienne, Tanit était principalement adorée dans le monde punique, en Méditerranée occidentale, de Malte à Gades (future Cadix, au sud de la péninsule ibérique) à l'époque hellénistique. A partir du Ve siècle avant J.-C., le culte de Tanit fut associé à Baal Hammon, le dieu principal de Carthage, lui-même assimilé aux dieux Cronos ou Saturne, selon Diodore de Sicile ou Plutarque.

De ce fait, Tanit porte l'épithète pene baal (« visage de Baal ») et le titre de Rabat, la forme féminine de rab (« tête »). En Afrique du Nord où les inscriptions et les supports liés au dieu Baal Hammon sont abondants, elle figurait une déesse céleste de la guerre, une déesse mère virginale (non mariée) et infirmière et, moins précisément, un symbole de fertilité, dans ses formes les plus féminines.

De plus, des fouilles archéologiques dans l'ancien cimetière de Tyr ont montré que des inscriptions funéraires remontant aux derniers siècles avant J.-C., qui laissent apparaître les noms de Tanit et de Hammon, les premières divinités de Carthage. Ainsi, longtemps après la chute de cette cité, Tanit était encore vénérée en Afrique du Nord sous Juno Caelestis pour son identification avec la déesse romaine Junon.

Buste de la déesse Tanit (Museo de Puig des Molins)

Retrouvé sur différents supports, des bijoux aux mosaïques, le signe de Tanit apparaît comme un trapèze fermé en haut par une ligne horizontale et surmonté au milieu d'un cercle ; les bras horizontaux sont souvent interrompus soit par deux petites lignes verticales à angle droit par rapport à eux ou par des crochets. Ce symbole fut interprété par le professeur danois Hvidberg-Hansen, comme une femme levant les mains, ou une personne priant, les bras levés vers le ciel.

Le culte de la déesse Tanit et le sacrifice d'enfants

Malgré ses fonctions bienfaitrices de déesse liée à la fertilité, les origines de Tanit se trouvent au panthéon d'Ougarit dans le nord de la Syrie, en particulier chez la déesse ougarite Anat, une consommatrice de chair et de sang. Il existe des preuves importantes, bien que prêtant à interprétation, à la fois archéologiques et dans certaines sources écrites liées au sacrifice d'enfants dans le cadre du culte de Baal Hammon et de Tanit.

Les sacrifices d'enfants dans le culte de Tanit et du dieu qui lui est associé ont été mis au jour par les découvertes archéologiques en 1921 au Tophet de Carthage. Selon le théologien et chroniqueur chrétien Tertullien, ces sacrifices ont eu lieu ouvertement jusqu'au règne de l'empereur Tibère. Ils se poursuivent même après leur interdiction par les autorités romaines, comme l'ont révélé les excavations du second plus grand tophet nord-africain, situé à Hadrumète (actuelle Sousse) en Tunisie.

Dès les années 1970, des fouilles et recherches dirigées par Lawrence E. Stager au Tophet de Carthage, ont montré la présence de restes incinérés d'agneaux, de chèvres, mais aussi de fœtus, de nouveau-nés et de très jeunes enfants déposés dans quelque 20 000 urnes entre 400 et 200 avant notre ère. La pratique sacrificielle aurait été continue en faveur de Tanit et Baal Hammon jusqu'aux premières années de la période chrétienne, mais elle reste néanmoins contestée par d'autres chercheurs.

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