Atlantis / Atlantide

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Atlantis / Atlantide
Mythologie
Grecque
Nom
Atlantide
Autres noms
Atlantis
Fonction
Ile mythique disparue

Présentation

L'Atlantide, désignée également sous le nom grec Atlantis, est une île mythique située à l'ouest des Colonnes d'Hercule (détroit de Gibraltar) et évoquée par le philosophe grec Platon dans deux de ses œuvres, le Timée et le Critias. Ce lieu légendaire donna son nom à l'océan Atlantique et ses habitants étaient appelés les Atlantes.

D'après Platon, cette île dédiée à Poséidon connut un âge d'or pacifique puis évolua progressivement vers une thalassocratie conquérante dont l'expansion fut arrêtée par Athènes. L'île fut par la suite engloutie par les flots en punition des vices et de l'orgueil de ses habitants dans un cataclysme provoqué à l'instigation de Zeus.

Si le mythe a été peu commenté et a eu peu d'influence durant l'Antiquité, il a suscité un intérêt croissant à partir de la Renaissance. Au-delà de sa portée philosophique et politique, il a depuis donné naissance à de nombreuses hypothèses. Certains auteurs affirment que l'Atlantide est un lieu qui aurait réellement existé et qu'il serait possible de localiser.

Dans le même temps, l'Atlantide inspire de nombreuses interprétations ésotériques, allégoriques ou encore patriotiques qui ont donné lieu à une abondante littérature. L'Atlantide demeure un thème fertile à travers les arts, en particulier de nos jours, dans les genres liés au merveilleux et au fantastique, comme la fantasy, le péplum, ou la science-fiction.

Histoire

Le mythe de l'Atlantide selon Platon

L'histoire de l'Atlantide puise son origine dans deux œuvres du philosophe athénien Platon (428 à 348 avant J.-C.), le Timée et le Critias, qui sont présentés comme une suite de La République et ont pour objet d'illustrer, à travers ce récit, les vertus des citoyens idéaux suivant Socrate, montrant comment une Athènes vertueuse est venue à bout d'un ennemi malfaisant. Platon, « inventeur » de l'Atlantide, y confronte deux images de la Cité au travers de l'affrontement de deux d'entre elles, en des temps immémoriaux. L'une - Athènes - vouée à la justice, l'autre - Atlantis - à la démesure.

Selon Platon, dans Critias, lorsque les dieux se partagèrent le monde, Athéna, la déesse de la guerre et de la sagesse, reçut la cité d'Athènes et Poséidon, le dieu de la mer, Atlantis, traduit en français par « Atlantide », pays des Atlantes. Cette dernière est décrite comme étant une immense île située à l'ouest des colonnes d'Hercule, une région fabuleuse, aux contours indéterminés, bordée du royaume Cimmérien au Nord et par le jardin des Hespérides ou l'île des Bienheureux au Sud.

L'Atlantide, île mythique perdue au-delà des colonnes d'Hercule

Dans ce lieu mythique, Poséidon s'y unit avec Clitô, une jeune mortelle autochtone, qui enfante cinq lignées de jumeaux masculins qui se partagèrent l'île, dessinée et organisée par leur géniteur divin en dix royaumes dont ils deviennent les premiers souverains. L'île tire elle-même son nom de l'aîné d'entre eux, Atlas, tout comme la mer qui l'entoure, l'Atlantique. Gouvernés par des souverains sages et modérés, eux-mêmes descendants d'Atlas, les Atlantes, justes et vertueux, connaissent sur leur île un âge d'or qui les amène à édifier une cité idéale.

En effet, les Atlantes exploitèrent les richesses naturelles (cuivre, fer, or) fondèrent des villes et s'établirent dans des palais enchanteurs, bâtirent autour de leur cité des murailles et des canaux, propices à la défense et au commerce. Mais, progressivement, vers 9 000 ans avant l'époque de Platon, les descendants des premiers Atlantes deviennent de plus en plus expansionnistes et, pris d'une frénésie de conquêtes, multiplient les invasions « de la Libye jusqu'à l'Égypte et de l'Europe jusqu'à la Thyrrénie ».

Cette expansion est stoppée par les Athéniens et leurs alliés qui libérèrent les peuples soumis à leur joug tandis que Zeus punit les Atlantes, incapables de rester fidèles à leur origine divine. L'Atlantide, en punition des vices et de l'orgueil de ses habitants, ainsi que l'armée athénienne, furent alors engloutis lors d'un immense raz-de-marée associé à des tremblements de terre, en un jour et une nuit. Ainsi, la cité vouée à la mer périt par la mer, laissant place à « un limon infranchissable ».

L'Atlantide à travers le Timée

Dans le Timée, Platon raconte l'origine de l'Univers, l'origine de la Cité et l'origine de l'Homme. Dans ce cadre, il évoque l'Atlantide au cours d'un récit fait par Critias, riche Athénien disciple de Socrate et parent de Platon. Selon Critias, son arrière-grand-père, Dropidès s'est vu confier par le législateur Solon (VIe siècle av. J.-C.) une confidence que lui-même tenait d'un prêtre égyptien du temple de Saïs au cours d'un voyage d'études qu'il entreprit en Égypte en 570 av. J.-C.12 sous domination perse à cette époque.

L'île de l'Atlantide, une source d'inspiration universel ?

Le prêtre égyptien donne quelques indications géographiques, puis entreprend de narrer la lutte des Hellènes menée par Athènes, puis d'Athènes seule, contre les soldats atlantes venus des îles « du fond de la mer Atlantique », événements qu'il situe 9 000 ans avant son époque. Peu de temps après la victoire, des tremblements de terre surviennent à Athènes ainsi que dans l'Atlantide. Le Timée donne ensuite une description générale de la civilisation atlante, de son expansion, de la guerre contre Athènes et de la destruction finale de l'Atlantide.

Voici l'extrait du Timée mentionnant l'histoire de l'Atlantide :

« Les monuments écrits disent que votre cité détruisit jadis une immense puissance qui marchait insolemment sur l'Europe et l'Asie tout entières, venant d'un autre monde situé dans l'océan Atlantique. On pouvait alors traverser cet Océan ; car il s'y trouvait une île devant ce détroit que vous appelez, dites-vous, les colonnes d'Héraclès. Cette île était plus grande que la Libye et l'Asie réunies. De cette île, on pouvait alors passer dans les autres îles et de celles-ci gagner tout le continent qui s'étend en face d'elles et borde cette véritable mer. Car tout ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port dont l'entrée est étroite, tandis que ce qui est au-delà forme une véritable mer et que la terre qui l'entoure a vraiment tous les titres pour être appelée continent. Or, dans cette île Atlantide, des rois avaient formé une grande et admirable puissance, qui étendait sa domination sur l'île entière et sur beaucoup d'autres îles et quelques parties du continent. En outre, en deçà du détroit, de notre côté, ils étaient maîtres de la Libye jusqu'à l'Égypte, et de l'Europe jusqu'à la Tyrrhénie.

Or, un jour, cette puissance, réunissant toutes ses forces, entreprit d'asservir d'un seul coup, votre pays, le nôtre et tous les peuples en deçà du détroit. Ce fut alors, Solon, que la puissance de votre cité fit éclater aux yeux du monde sa valeur et sa force. Comme elle l'emportait sur toutes les autres par le courage et tous les arts de la guerre, ce fut elle qui prit le commandement des Hellènes ; mais, réduite à ses seules forces par la défection des autres et mise ainsi dans la situation la plus critique, elle vainquit les envahisseurs, éleva un trophée, préserva de l'esclavage les peuples qui n'avaient pas encore été asservis, et rendit généreusement à la liberté tous ceux qui, comme nous, habitent à l'intérieur des colonnes d'Héraclès. Mais dans le temps qui suivit, il y eut des tremblements de terre et des inondations extraordinaires, et, dans l'espace d'un seul jour et d'une seule nuit néfastes, tout ce que vous aviez de combattants fut englouti d'un seul coup dans la terre, et l'île Atlantide, s'étant abîmée dans la mer, disparut de même. Voilà pourquoi, aujourd'hui encore, cette mer-là est impraticable et inexplorable, la navigation étant gênée par les bas-fonds vaseux que l'île a formés en s'affaissant.

Voilà, Socrate, brièvement résumé, ce que m'a dit Critias, qui le tenait de Solon. »

- Platon, Timée, 24 e - 25 e

L'Atlantide à travers le Critias

Dans le Critias, Platon nous fournit davantage de détails, contant notamment l'origine des habitants (nés de l'union de Poséidon et d'une mortelle prénommée Clitô, elle-même fille d'un autochtone) et leurs mœurs, la géographie de l'île, son organisation sociale et politique. Cependant, la fin du Critias est perdue, et le récit s'interrompt au moment où Zeus décide de punir les Atlantes décadents. Néanmoins, si la légende nous semble transmise par Platon, celui-ci ne l'utilise néanmoins qu'accessoirement pour illustrer son propos, qui est le devenir d'Athènes.

À travers le Critias, Platon nous décrit de façon précise l'Atlantide, qu'il présente comme un monde idyllique. Voici plusieurs détails qu'il nous fournit sur cette île légendaire :

  • L'île est située au-delà des Colonnes d'Hercule, où se trouvent des fonds vaseux, restes de l'île disparue. Depuis cette île, on a accès au continent situé plus loin. À l'époque de Platon, les Colonnes d'Hercule étaient positionnées de part et d'autre du goulet de l'actuel Gibraltar.
  • Le roi éponyme de l'Atlantide est Atlas, un fils du dieu de la mer Poséidon et d'une jeune mortelle Clitô.
  • L'île est divisée en dix royaumes gouvernés par Atlas et ses neuf frères puis par leurs descendants. Chaque royaume possède sa propre capitale, copiée sur la cité-mère, capitale du royaume d'Atlas, dessinée par Poséidon lui-même. La cité-mère est située autour d'un mont. Elle est circulaire et entourée de fossés navigables.
  • L'île est riche en ressources naturelles, parmi lesquelles figure un métal mystérieux, l'orichalque, mais doit aussi importer des produits, ce qui suppose des relations commerciales avec des peuples voisins.
  • La religion des Atlantes était centrée sur Poséidon, le père des dynasties royales, et incluait le sacrifice annuel d'un taureau que l'on devait capturer pour ensuite l'égorger sur un autel en forme de colonne.
  • Les Atlantes deviennent corrompus au fil du temps. Ils fondent par les armes des colonies des deux côtés de leur île, conquérant une partie de l'Afrique jusqu'à l'Égypte, et de l'Europe jusqu'à l'Italie. Athènes est le seul État capable de s'opposer à leur expansion.
  • L'Atlantide, ainsi que l'armée athénienne, ont été engloutis lors d'un immense raz-de-marée associé à des tremblements de terre, en un jour et une nuit. Bien que Platon ne donne pas d'explication géologique à cette catastrophe, celui-ci situe ces événements vers 9 000 ans avant l'époque de Solon.

L'Atlantide : mythe ou réalité ?

Si le mythe de l'Atlantide a été peu commenté et a eu peu d'influence durant l'Antiquité, il a suscité un intérêt croissant à partir de la Renaissance et la redécouverte des auteurs anciens, suscitant notamment l'intérêt de l'humaniste Marsile Ficin qui traduit en latin les dialogues de Platon. L'épisode devient le prétexte à fictions, parfois utopiques ou en soutien de la définition politique de la constitution parfaite. Francis Bacon publie ainsi La Nouvelle Atlantide en 1627 qui s'inspire du récit de Platon et met en scène une société philosophique de savants sur l'île imaginaire de Bensalem. À ces approches théologiques ou naturalistes s'ajoutent bientôt des interprétations symboliques, allégoriques, ésotériques, nationalistes, etc.

Au tournant du XVIIe siècle, le mythe de l'Atlantide est associé aux premières recherches sur les origines de l'humanité et sur le premier lieu de peuplement humain, dans une approche souvent non dénuée d'idéologie ; à partir de 1679, par exemple, dans son Atlantica en quatre volumes, le suédois Olof Rudbeck situe l'Atlantide dans une contrée insulaire nordique qu'il considère comme le bassin d'une civilisation-mère. D'une manière générale, deux positions s'opposent depuis quant à la compréhension du récit : d'une part celle qui considère les récits de Platon comme une pure fiction, un mythe sans lien avec l'histoire réelle, une fable, d'autre part celle qui pense que le mythe se rapporte à des faits réels, en supposant une déformation plus ou moins grande de ces faits par l'auteur grec, ou par les interprétations de son texte.

Carte fantaisiste de l'Atlantide (1678) d'Athanasius Kircher, Mundus Subterraneus (le nord est en bas).

En effet, de nombreux auteurs, et archéologues à travers l'Histoire, considèrent le mythe de l'Atlantide comme une pure fiction, une idée déjà soutenue par Aristote, lui-même disciple de Platon. En 1779, Giuseppe Bartoli est le premier à émettre l'hypothèse que le récit de Platon est purement allégorique, critique de la situation d'Athènes des guerres médiques jusqu'à la guerre du Péloponnèse. Comme il était d'ailleurs coutumier du fait dans ses dialogues, Platon fait appel au mythe sans que cela ne doive être pris au premier degré. Dans le Timée et le Critias, Platon oppose l'Atlantide ouverte sur la mer, technicienne et conquérante, corrompue par la richesse, à une Athènes archaïque fondamentalement terrienne, rurale, autarcique et conservatrice. Les dieux donnent la victoire à la meilleure société sur la pire.

Cependant, ces conceptions sur l'origine fictive du mythe ne sont pas toujours partagées en dehors de la communauté des historiens, des archéologues et des philologues classiques. En effet, des érudits ou amateurs de tout genre, mais également des géographes, des géologues, certains préhistoriens continuent leurs études et leurs explorations. L'Atlantide a ainsi été situé en des centaines d'endroits dans l'espace, mais aussi dans le temps : évidemment un peu partout dans l'océan Atlantique où toute terre émergée pouvait faire matière à hypothèse avant le développement des connaissances sur la tectonique des plaques ; puis en divers points de la Méditerranée, mais également en Égypte, dans le Hoggar, au Tibet, en Mongolie, en Suède, au Pérou, ou encore au Mexique.

Localisations possibles de l'Atlantide

Néanmoins, l'une des hypothèses les plus sérieuses concernant la localisation précise de l'Atlantide serait que Platon se soit inspiré de la civilisation minoenne, et plus particulièrement de l'éruption volcanique qui détruisit partiellement l'île de Santorin, qui était appelée Akrotinis, vers 1650 avant J.C. Ce cataclysme aurait engendré d'énormes tsunamis qui ont pu atteindre une hauteur de 50 mètres. Des preuves de ce tsunami ont été retrouvées récemment par les archéologues sur la côte d'Israël. Mais cette théorie est aujourd'hui largement démonétisée pour des raisons de concordance de dates ; le cataclysme en question n'est nullement évoqué par Platon ni aucun texte antique qui ne nous soit parvenu ; la topographie, l'orographie et la luxuriance de Santorin ne correspondent pas davantage aux descriptions qu'en fait Platon, dont l'on peut en outre imaginer que s'il avait dû croire que l'île de Santorin était l'Atlantide, il s'y serait rendu.

D'autres, se référant toujours aux indications de Platon, ont recherché une île située au-delà des colonnes d'Hercule, engloutie par la remontée des eaux à la fin de la dernière glaciation. En effet, une autre théorie portée par Jacques Collina-Girard propose de voir l'Atlantide dans un site géologique avéré près du détroit de Gibraltar, mais à une époque où aucune civilisation sédentaire n'existait. Il releva notamment un haut-fond immergé à l'ouest du détroit de Gibraltar formant une île de 10 à 12 km, avec des îlots satellites, au milieu d'une passe étroite s'ouvrant à l'ouest sur une mer intérieure. Selon lui, seul le récit du cataclysme s'inspirerait de faits réels, l'île se trouvant enfoncée d'une quarantaine de mètres sous le niveau de la mer. Son existence aurait longtemps été transmise par la mémoire orale que la géologie permettrait de retrouver, alors que la description de la civilisation atlante ne serait due qu'à l'imagination de Platon.

Le site des fouilles d'Akrotiri protégé par le nouveau toit, en 2012.

L'histoire de l'Atlantide aurait été transmise depuis la fin du paléolithique grâce aux Égyptiens qui gardèrent le souvenir de l'île qui se trouvait à la sortie du Détroit de Gibraltar à la fin de la dernière glaciation. En aucun cas, cette hypothèse n'ajoute foi à la société décrite par Platon, présentée, par lui-même, comme la transposition de son utopie philosophique dans une histoire orale authentique. Bien que cette thèse fut réfutée par le philologue Heinz-Günther Nesselrath, le mythe de l'Atlantide peut aussi faire référence à une suite de territoires engloutis (mémoire collective des Hommes) et qui représente ce qui a été perdu par les Hommes. Les autres spéculations concernant une Atlantide située à la sortie du détroit de Gibraltar, sont le prolongement de théories d'avant-guerre concernant le site de Tartessos sur les côtes du Golfe de Cadix, supposé être un port ensablé.

Parmi les théories les plus excentriques, on trouve également celles des Canadiens Rand et Rose Flem-Ath, auteurs de When the Sky Fell (Quand le ciel tombait, 1995), qui situent l'Atlantide en Antarctique. Leur conclusion repose autant sur la théorie de Hapgood touchant les déplacements de l'écorce terrestre que sur leurs propres découvertes et recoupements. Ces deux chercheurs ont commencé leur travail après la constatation d'une similitude troublante. Si une civilisation aussi avancée que celle des Atlantes existait 10 000 ans av. J.-C., il est possible qu'elle ait prévu le cataclysme et que l'évacuation de la population ait été anticipée. Si tel n'a pas été le cas, il est néanmoins possible que certains survivants aient cherché refuge dans des terres épargnées par le raz-de-marée, en tout cas en altitude. Des sites comme le lac Titicaca, dans la cordillère des Andes, ainsi que les plateaux de Thaïlande et d'Éthiopie répondent à ce critère de sécurité. Or, selon eux, c'est dans ces régions qu'apparut l'agriculture, vers 9 600 ans avant notre ère.

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