Nagada

Nagada
Mythologie
Égyptienne
Nom
Nagada
Autres noms
Naqada, Noubet, Nebout, Nubt
Fonction
Ville d'Égypte antique

Présentation

Nagada est une ancienne ville égyptienne des temps prédynastiques située sur la rive Ouest du Nil dans le gouvernorat de Qena. Elle était connue dans l'Égypte ancienne sous le nom de Nubt, ou Noubet, et dans l'antiquité classique sous celui d'Ombos et située dans le 5ème nome de Haute-Égypte, surnommé le « nome des deux divinités (ou faucons) ».

Le site s'étendant sur une longueur de plus de 500 mètres a donné son nom à la généralisation de la culture dite de Nagada. Il comporte des nécropoles datant de la préhistoire autour de 4400-3000 avant J.C. puis s'étalant de la période prédynastique avec ses inhumations caractéristiques des premiers temps à la fin du Nouvel Empire.

En effet, le site de Nagada livra de nombreuses tombes et un riche mobilier funéraire de cette période très ancienne tels que des tablettes en ivoire et des vases d'argile qui ont d'ailleurs permis la datation de l'ensemble de cette culture, à travers l'Égypte et ses environs.

Le site continua à être habité à l'Ancien Empire, époque à laquelle des mastabas furent construits pour l'élite locale, tandis qu'un roi, sans doute Snéfrou de la IVe dynastie, édifia une petite pyramide à degrés. Néanmoins, la culture de Nagada semble s'effacer au fil des siècles pour renaître à la fin de la deuxième période intermédiaire à Nebout.

De plus, il semblerait qu'avant même la réunification des Deux Terres, Nagada était le principal lieu de culte de Seth, le dieu de Haute-Égypte. Néanmoins, son culte ne résista pas aux époques tardives où les Égyptiens le bannirent du panthéon, laissant place à Horus l'Ancien (Haroëris) et Sobek.

Ainsi, le site de Nagada livra les vestiges du temple de Seth auquel divers pharaons de la XVIIIème dynastie comme Thoutmôsis I, Thoutmôsis III et Amenhotep II, ainsi que plusieurs Ramessides ont contribué à son embellissement. L'ensemble fut fouillé par Sir William Matthew Flinders Petrie et James Edward Quibell à la fin du XIXème siècle.

À noter que le nom de Nagada provient du mot "nub", c'est-à-dire l'or, en raison de la proximité des mines d'or dans le désert oriental.

Histoire

La culture de Nagada datant de la période comprise entre 3800 et 3150 avant J.C. se développe au cours de la période prédynastique égyptienne, en Haute-Égypte. On passe alors d'une population qui pratique élevage et chasse, et quelques cultures domestiquées, à une société hiérarchisée, de cultivateurs de céréales, regroupés dans des villes et dominée par des chefs, puis par des souverains qui se font la guerre jusqu'à ce que l'un d'entre-deux parvienne, à l'époque suivante, à unifier toute l'Égypte sous son pouvoir. Cette période vit également l'apparition de l'écriture égyptienne sous forme de hiéroglyphes.

Site archéologique de Nagada (Pyramide à degrés de Nebout)

La culture de Nagada est subdivisée en trois périodes, Nagada I (3900-3500), Nagada II (3500-3300) et Nagada III (3300-3150). Toutes appartiennent à la période prédynastique égyptienne, c'est-à-dire avant la première dynastie. La dernière phase, Nagada III, est aussi nommée « période protodynastique » : c'est la période la plus récente de la préhistoire égyptienne, qui a vu apparaître les premiers « rois », probablement de simples chefs thinites, et que les égyptologues appellent la dynastie égyptienne zéro. La culture de Nagada est donc suivie par la Ière dynastie (-3150à -2850 avant J.C.), qui ouvre la période thinite de l'Égypte antique.

Nagada I (3900-3500 avant J.C.)

La culture de Nagada I, appelée également amratien, du site d'el-Amra, s'étend sur la Haute-Égypte et est représentée par de nombreux sites de nécropoles localisées du nord d'Abydos à Louxor au sud. Les témoins les plus marquants sont El-Amrah et Nagada. Les traits culturels précédents, ceux de Badari, sont considérablement amplifiés. La population hérite de la culture néolithique de Badari en Moyenne-Égypte, et située à environ trois-cents kilomètres plus au Nord, sur le Nil. Dans la culture de Badari on rencontre la prédominance des espèces sauvages par rapport aux espèces cultivées, le stockage en fosses, des populations relativement mobiles, qui pratiquent élevage et chasse. Nagada I pratique majoritairement la culture de plantes domestiques, et de manière plus intense. Les animaux domestiqués sont aussi plus nombreux.

Les tombes à fosses rectangulaires sont pourvues d'un riche matériel qui montre de remarquables progrès techniques. De plus, l'habitat évolue : grandes huttes ovales de structure légère et maisons rectangulaires bien structurées, en partie enterrées, font penser qu'à côté d'installations saisonnières, des centres plus importants et fixes s'installent. À Hiérakonpolis (Nekhen, au centre de la Haute-Égypte, alors que Nagada est à 170 km plus au Nord), un habitat de hameaux dispersés tendant à se spécialiser selon leur fonction (habitat artisanal, une maison de potier a été identifiée), se développe en retrait d'un centre plus important au débouché d'un grand ouadi. Une élite y apparaît, et la population double, passant de 5000 à 10 000 habitants entre -3600 et -3500 avant J.C.

Assiette à décor blanc/rouge d'animaux sauvages. Nagada I

Les sociétés se hiérarchisent. À côté des pasteurs-agriculteurs apparaissent des artisans spécialisés dans la poterie (de nombreux vases portent des marques de potiers ou de propriétaires), mais aussi dans le travail de la pierre (palette à fard zoomorphe en schiste, massues tronconiques, premiers vases de pierre, outils de silex plus élaborés). Les premiers essais de faïence égyptienne attestent de la maîtrise des technologies du feu, peu appliquées au métal, sauf peut-être pour l'or. Le cuivre, rare, reste martelé à froid comme au badarien. La chasse apparaît comme une activité noble et de prestige, disposant d'un quasi-monopole des représentations. Le « maître de chasse » semble un personnage au pouvoir important.

Nagada II (3500-3300 avant J.C.)

La culture de Nagada II, appelée également gerzéen, du site d'el-Girza est parfois considérée comme pré-dynastique au même titre que Nagada III. À cette période, la société pastorale se hiérarchise, se regroupe autour de constructions en dur. La coutume de construire en roseaux est peu à peu remplacée par le fait de bâtir en briques de terre sèche. Les céréales, produites en plus grandes quantités, sont stockées dans des greniers et silos bâtis en hauteur. Les premières cités de la vallée du Nil, plutôt modestes, sont bâties à des carrefours et sur des éminences naturelles : elles échappent à la crue ; enfin, des bâtiments en pierre s'inscrivent à l'intérieur d'enceintes à El Kab, Hiérakonpolis, Éléphantine et Abydos. Les espaces se spécialisent selon leur fonction (aire sacrée, espace administratif, habitat).

Les traits culturels de Nagada évoluent et s'étendent progressivement au nord de la vallée (Maadi). Apparaît alors une céramique à décor sombre sur une pâte claire, représentant toujours la chasse de la steppe et de la savane. Ce décor développe aussi le thème de la navigation. Ce qui indique l'intensité de la vie de relation par le fleuve. Les outils de pierre, bien qu'ils soient encore utilisés, sont passés de la construction bifaciale à l'éclat courbe. Le cuivre est utilisé pour toute sorte d'outils et le premier armement en cuivre apparaît, des hachettes. L'argent, l'or, le lapis et la faïence sont utilisés de façon ornementale, et les palettes utilisées pour la peinture des yeux depuis la période badarienne commencent à être ornées de sculptures en faible relief.

Barque avec deux hommes sur le bordage. Roseau, terre, couleur. Objet funéraire. Musée d'histoire de Berne

Si cette culture appartenait, avant environ 3500, à une aire culturelle égypto-nubienne, la distinction s'opère ensuite. Ceux qui cultivent blé et orge en Haute et Moyenne-Égypte deviennent sédentaires. Tandis qu'en Basse-Nubie les céréales décroissent. Et vers Khartoum, les cultivateurs de sorgho et millet laissent la place aux pasteurs et chasseurs des savanes. Ces pasteurs et chasseurs maintiennent ainsi leur autonomie, tandis que les cultivateurs se soumettent à la discipline et au rythme des impôts. Cette période voit apparaître les chefs ou souverains que l'on classe dans la dynastie égyptienne zéro et dont les derniers membres vivent à la fin de Nagada III, sachant que la Ière dynastie, quant à elle, correspond à l'époque suivante, la période thinite (vers -3150 à vers -2700 avant J.C.).

Nagada III (3300-3150 avant J.C.)

La culture de Nagada III, ou proto-dynastique, voit l'unification des traits culturels, dans la vallée du Nil et le Delta. Des objets marqueurs du pouvoir, dérivés d'objets auparavant fonctionnels, ne servent plus qu'à supporter un décor historié en relation avec le pouvoir : palettes à fard, massues, peignes, manches de couteaux, et découverts dans des sites de dépôts cultuels plutôt que dans un contexte funéraire. Ces objets portent des scènes de chasse et de guerre, des scènes liées à la manifestation de la violence. Les animaux sauvages sont souvent représentés, dont la grande faune africaine en cours de disparition de la vallée moyenne du Nil. L'éléphant, représenté, ayant déjà disparu. Le lion, le taureau sauvage et le faucon, sont présents aussi, qui sont des figures héraldiques du roi.

Le pouvoir à Abydos prend donc, clairement, un caractère monarchique et ce modèle diffuse, ensuite, aux principautés de Basse-Égypte. De plus, des découvertes dans la tombe U-j du cimetière d'Oumm el-Qa'ab à Abydos ont mis au jour un riche matériel épigraphique qui prouve l'existence d'un système d'écriture complexe sur des plaquettes en ivoire, en os et en ébène, dans une tombe de l'élite. Il est à noter que ce matériel n'est issu, ni d'un système de comptage des troupeaux comme en Mésopotamie, ni de pratiques divinatoires comme en Chine, ni d'un système calendaire comme en Mésoamérique. Ce système graphique est déjà composé de signes picturaux et phonétiques, comme le sera l'écriture hiéroglyphique égyptienne jusqu'à la période romaine. L'écriture hiéroglyphique apparaît aussi sous le règne de Iry-Hor, de la dynastie 0, à Abydos.

Palette de Narmer, v. 3000. Musée égyptien du Caire

La fouille du site d'Abou Rawash, à huit kilomètres du Caire, a permis la mise au jour d'une nécropole de la période Nagada III et de la Ire dynastie et d'une série de barques funéraires exceptionnelles, signes des pratiques funéraires de l'élite qui préfigurent celle qui a été retrouvée à côté de la pyramide de Khéops. Les bas-reliefs des palettes et masses d'armes de cette époque offrent des compositions en registres superposés que traversent les figures des souverains, exprimant ainsi leur statut hors-normes. La distribution de l'ensemble manifeste cette régularité toute égyptienne, caractérisée par la répétition des figures similaires, comme dans la palette de Narmer, les corps décapités, bien rangés à la verticale, ligotés, et la tête entre les pieds, avec de petites variations dans la disposition des pieds.

Vers 3000, donc juste à la fin de la culture de Nagada III, cette « palette de Narmer », découverte à Hiéraconpolis, atteste pour la première fois de l'unification entre Haute et Basse-Égypte, et cela dans la plus extrême violence. Ce souverain relève donc de la fin de la période Nagada III ; il est le dernier souverain de la dynastie 0. La Ière dynastie, qui suit, marque le début de près de trois millénaires d'institution pharaonique.

Encyclopédie
Planètes