Harcesis / Horsaïsis

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Harcesis / Horsaïsis
Mythologie
Égyptienne
Nom
Harcesis
Autres noms
Horsaîsis, Harsaïsis, Harsiesis, Horsaïsé, Hor sa Aset
Fonctions principales
Représentation juvénile d'Horus, fils d'Osiris et Isis
Représentations
Enfant avec un doigt à la bouche
Région de culte
Égypte antique

Présentation

Harcesis, désigné également sous les noms de Harsiesis, Horsaïsé ou encore Hor sa Aset, est une représentation juvénile du dieu faucon Horus, soulignant ses liens avec sa mère, la déesse Isis.

Divinité très adorée dans le delta du Nil, il est celui qui assume les fonctions d'héritier d'Osiris et du trône d'Egypte, et est considéré comme vengeur de son père contre son oncle Seth, prince du désert.

Fils posthume d'Osiris, la figure d'Horsaïsé est indissociable de celle de sa mère Isis qui le met au monde dans les marais de Khemmis, lieu symbolique situé dans le delta, où elle le cache et le protège de tout danger.

Il est habituellement représenté comme un nouveau-né, le doigt à la bouche, placé sur les genoux de sa mère qui le nourrit, et caché dans un fourré de papyrus.

À noter qu'Harcesis peut également être représenté comme un jeune homme, d'allure proche de celle d'Harendotès, très combatif, dont les démêlés avec son oncle Seth sont l'objet d'un mythe aux multiples péripéties.

Histoire

Bien que l'origine d'Harcesis ne soit pas connue avec certitude, les plus anciennes faisant écho de son culte proviennent de la région de Thèbes. Il est également attesté à Coptos, qui pourrait aussi être sa ville d'origine, mais aussi à Akhmîm et dans de nombreux lieux consacrés à Isis ou Osiris comme Philae ou Memphis. Sous la forme Horus l'Enfant, il est appelé chez les Grecs, Harpocrate, ou Har-pa-khered, ce qui signifie littéralement « Horus l'Enfant » ou Harsiesis, « Horus, fils d'Isis ». Son culte ne commence à se développer qu'à partir du Nouvel Empire. Toutefois, on peut constater des mentions d'un Horus enfant dans les Textes des Pyramides où il est représenté comme un enfant nu avec un doigt sur les lèvres.

Néanmoins, Harcesis, le dieu Horus-fils-d'Isis, est considéré comme un des quatre avatars du dieu Horus, durant la période proprement indigène de l'histoire égyptienne. Troisième avatar d'Horus, Harcesis occupe une position qui lui assure longévité et enrichissement constant de sa personnalité : la figure trouve sa richesse en ce qu'elle intègre la thématique de l'enfance en raison de la filiation matrilinéaire tout en accueillant également les attributions propres au fils adulte incarné par les deux premiers avatars. Les origines d'Harcesis remontent à l'élaboration du mythe osirien. Le dieu surgit comme entité autonome au moment de la rédaction des Textes des sarcophages, et offre la possibilité de cerner « les raisons ayant présidé à l'introduction précoce d'un dieu-fils au sein du panthéon égyptien ».

Statue représentant Horus enfant - Basse époque - Musée d'Aquitaine

D'après Annie Forgeau, Harcesis incarne en définitive « la perpétuelle recherche d'une réussite, qui, aussitôt atteinte, est remise en question » tout comme l'homme, dont la fonction est de mener à bien les potentialités qu'il a reçues à la naissance. Malgré cette influence locale, on constate qu'Harcesis n'est introduit que tardivement dans le cycle d'Abydos, sans doute sous la XIIIe dynastie avant d'être définitivement intégré au panthéon local dans les époques postérieures. Les dédicaces personnelles sur des monuments isolés d'une part et les scènes et inscriptions gravées sur les parois des temples ramessides d'autre part font voir le travail d'élaboration en Harcesis d'une « figure syncrétique horienne, cumulant les qualités attachées aux différents énoncés de son nom ».

Malgré la destruction de bon nombre de sources, les monuments thébains, les temples nubiens et le temple d'Hibis permettent de faire apparaître les prérogatives du dieu-fils. Harcesis apparaît comme l'interlocuteur du roi, le garant des facultés démiurgiques du pharaon, capable de maintenir l'équilibre cosmique, mais il est aussi lié à la régénération de l'essence sacrée du souverain : nombre de scènes le montrent en effet dans des actions de purification, d'imposition des couronnes et de conduite. Au final, les attestations du dieu-fils, hors d'Abydos, sont peu nombreuses, même s'il s'est progressivement imposé dans la région thébaine, le fief d'Amon, et même si en vertu de sa filiation matrilinéaire, il participe également à l'ensemble des cycles religieux susceptibles d'intégrer Isis.

La déesse Isis allaitant le jeune Horus sous sa forme Harcesis auprès de son époux Osiris

Le point le plus important pour le devenir du dieu est acquis dès la XVIIIe dynastie, au moment où Harcesis, à la différence des autres avatars, acquiert le statut de divinité masculine autonome, affranchie de ses liens avec sa famille d'origine. Dans ce contexte, Harcesis occupe différentes fonctions. Dans une perspective régalienne, il est celui qui accueille le souverain dans l'au-delà et introduit le roi auprès d'autres divinités. Mais il intervient aussi dans le cadre des pratiques de la piété individuelle, c'est-à-dire de celle qui s'exprime en-dehors de la religion officielle, monopole du roi et du clergé. La place d'Harcesis dans les représentations funéraires des particuliers est en ce sens appelée à prendre une ampleur considérable. Il est d'abord conducteur du défunt avant d'incarner, sur le site de Thèbes, l'esprit vivant de la nécropole, statut consacré à l'époque ptolémaïque par son implication dans la célébration des rites décadaires.

Dès la XIXe dynastie, la souveraineté d'Harcesis sur le monde des morts est incontestable. Ces conceptions n'empêchent cependant pas qu'Harcesis soit aussi rattaché, à l'autre bout de l'existence, au monde des dieux-enfants, d'abord en marge de la religion officielle, sous l'influence de foyers ayant gardé la trace de cultes locaux, comme à Deir el-Médineh, où il est associé au dieu Ched, l'une des premières divinités représentées sous les traits d'un adolescent, tandis qu'à Giza il connote la notion d'enfance face à Harendotès, à qui est attachée la fonction de fils-adulte. Ce n'est pourtant que relativement tard, sous l'influence des théologiens thébains du premier millénaire, qu'Harcesis adopte l'iconographie spécifique de l'enfance. Cette jeunesse consubstantielle fait de lui un dieu-sauveur, mais aussi, la figure du « recouvrement de la santé après la maladie et, dans une perspective eschatologique, du retour à la jeunesse après la vieillesse ».

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