Quelles sont les théories et les légendes aux origines du film Stargate ?

Stargate : la porte des étoiles est un film de science-fiction sorti en 1994 et réalisé par Roland Emmerich. L'intrigue commence en 1928 à Gizeh en Égypte, où un égyptologue fait deux découvertes hors du commun. La première est une antique dalle que l'on voit très peu. La deuxième est ce cercle qui semble être fait de pierre mais qui plus tard se révélera être composé de matériaux inconnus. Ensuite, nous sautons directement à notre époque dans les couloirs d'une université dans laquelle l'égyptologue Daniel Jackson donne une conférence sur l'ancien empire égyptien, et voilà ce que l'on entend :

Daniel : Quand l'égyptologie officielle reconnaîtra-t-elle que ce ne sont pas les pharaons de la IVe dynastie qui ont bâti la Grande Pyramide !

Pour comprendre le sujet, il est avant tout nécessaire de dresser un bref contexte historique. 

La 4ème dynastie égyptienne débute aux alentours de -2670 et se termine en -2450 avant nore ère. Même si les dates semblent précises au premier abord, elles restent très approximatives et les connaissances que l'on a concernant cette période de l'Histoire sont très parcellaires.

D'après les chercheurs et les archéologues, il est semble certain que six pharaons aient régné pendant cette période : Snéfrou, Khoufou (Khéops), Djédefrê, Khafrê (Kephren), Menkaourê (renommer Mykérinos par les Grecs) et le dernier, Chepseskaf. Cette liste, qu'on appelle la Table d'Abydos, provient d'un mur d'un temple sur lequel elle est gravée et est située dans la ville antique d'Abydos à une centaine de kilomètres de la ville moderne de Louxor. Gravée par le roi Sethi 1er, ce cartouche mentionne tous les pharaons de la première dynastie jusqu'à son règne. 

En réalité, tous les rois ne figurent pas sur cette liste. En effet, Sethi 1er en a fait retirer tous ceux qu'il estimait illégitimes ou qui avaient insitués d'autres divinités en lieu et place du panthéon religieux traditionnel de l'Egypte antique.

D'autres artefacts comme celui-ci ont été retrouvés par les archéologues, comme la table de Saqqarah ou encore le papyrus de Turin pour ne citer que les plus célèbres. Ils permettent d'apporter d'autres éléments sur le contexte historico-politique de l'époque, même si certains d'entre eux ont été réalisés longtemps après les périodes qu'ils évoquent et ne sont parfois pas d'une fiabilité à toutes épreuves.

Les scientifiques pensent donc de façon quasi-certaine qu'au moins six phararons ont régné pendant la 4ème dynastie, même si d'autres éléments laissent à penser qu'il ait pu y en avoir plus sans toutefois l'atester de façon certaine. 

Malgré le flou qui règne sur cette dynastie, c'est elle qui nous a laissé certains des plus importants monuments de l'Égypte antique. Snéfrou s'est fait construire trois pyramides : la pyramide rouge, la pyramide rhomboïdale et la pyramide de Meïdoum. Khéops a fait construire la plus grande pyramide du plateau de Gizeh, suivi de son fils Kephren et de son petit-fils Mykérinos.

On ne sait donc que très peu de choses à propos de ces pharaons. Ils ont pourtant laissé derrière eux les plus gros et les plus solides édifices de toute l'Égypte, sans mettre leurs noms à l'intérieur, ce qui, dans le film Stargate, a pu intriguer le docteur Jackson :

Daniel : Attendez, écoutez : à l'intérieur de la pyramide - une des plus incroyables constructions de tous les temps - on ne trouve aucune trace d'un quelconque hiéroglyphe !

Thomas : Docteur Jackson, vous semblez oublier que le colonel Vyse a découvert des inscriptions, et en particulier le cartouche de Khéops, à l'intérieur de la pyramide.

Daniel : C'était une supercherie, une fausse découverte !

Thomas : Vous avez des preuves ?

Alors, quelle est cette histoire de cartouche de Khéops à l'intérieur de la pyramide ?

Au-dessus de ce qui est censé être la chambre mortuaire du pharaon Khéops, il y a ce qu'on appelle des chambres de décharge. On en compte cinq : la chambre Davison, la chambre Wellington, la chambre Nelson, la chambre Lady Arbuthnot et la chambre Campbell.

La première chambre a été découverte en 1765 par un diplomate anglais du nom de Nathaniel Davison. C'est 72 ans plus tard, au cours de l'année 1837, que le colonel Richard William Howard Vyse utilise de la poudre à canon pour se frayer un chemin entre la première et la deuxième chambre, et dans la foulée, il va découvrir les trois dernières. Dans les quatre chambres supérieures qu'il vient de découvrir, le colonel Vyse va trouver tout un tas d'inscriptions techniques, qui servaient à indiquer le sens des pierres, leur emplacement ou encore le chef d'équipe responsable de la pose. Ces inscriptions sont faites à la peinture et on y retrouve le cartouche de Khéops :

Si dans Stargate, Daniel Jackson dit que cette découverte n'est pas légitime, c'est parce que si on prend un peu de recul, c'est vrai qu'on est en droit de se poser quelques questions. Avant 1850, l'égyptologie n'existait pas. Il n'y avait pas d'application d'une méthodologie scientifique à l'histoire de l'Égypte. À l'époque de la découverte d'Howard Vyse, c'était la course aux antiquités, des personnes fortunées payaient des explorateurs pour aller en Égypte, trouver des trucs intéressants à ramener en Europe pour des collectionneurs privés ou des musées. Il faudra attendre 1850 et l'égyptologue Auguste Mariette pour voir arriver une archéologie organisée avec des fouilles faites de façon méthodique.

Ça ne veut pas dire que le colonel Vyse a falsifié ces inscriptions, mais c'est quand même quelque chose qu'il ne faut pas exclure. Car, à cette époque, qu'il n'y ait pas de méthodologie, c'est une chose, mais qu'il n'y ait pas non plus de moral ou d'éthique en est une autre. Ces explorateurs étaient payés par des bourgeois européens, non pas pour faire des découvertes archéologiques, mais pour leur ramener des artefacts précieux.

En plus de ça, il faut dire que le hasard fait bien les choses, parce que dans la première chambre de décharge découverte en 1765 par Nathaniel Davison, il n'y a aucune inscription...aucune ! Mais dans les quatre chambres supérieures découvertes par le colonel Vyse, c'est un festival, il y en a sur tous les murs ! À ça on peut ajouter que Vyse a été accusé de crime archéologique pour avoir perdu le sarcophage de Mykérinos en pleine mer, au large de l'Espagne. D'ailleurs, c'est lui qui est en partie responsable d'une « magnifique » tranchée dans la pyramide de Mykérinos.

Au-delà du contexte de la découverte et du personnage adepte de la poudre à canon, cette histoire de cartouche soulève une question intéressante : Pourquoi les pharaons ne mettaient pas leurs cartouches quelque part dans la pyramide ? Puisque visiblement ils jouaient à celui qui a la plus grosse pyramide, ça semblerait assez logique qu'ils mettent son nom dessus pour pouvoir dire aux autres : « la plus grosse, c'est la mienne ! » En plus, on a retrouvé plusieurs cartouches de Khéops sur le plateau de Gizeh, notamment un dans le cimetière ouest, mais rien dans la pyramide.

On pourrait penser que ne pas indiquer le propriétaire de la pyramide est une pratique de cette époque, mais pourtant non. Car on a retrouvé une stèle avec le cartouche de Snéfrou, le père de Khéops, dans l'une de ses pyramides. Nous disions plus haut qu'il y avait trois pyramides. En réalité, il y en a une quatrième, mais on pense qu'elle a été construite bien avant son règne et qu'il l'a terminée ou juste rénovée. Il s'agit de la pyramide de Seïlah, qui mesure 25 mètres de base et qui devait faire aux alentours de 20 mètres à l'origine, aujourd'hui, c'est un gros tas de cailloux haut de 6,80 mètres.

Curieusement, Snéfrou s'est fait construire la pyramide rouge (104 mètres de haut), la pyramide rhomboïdale (105 mètres de haut), la pyramide de Meïdoum (94 mètres de haut), et dans ces trois pyramides, on ne retrouve rien du tout. Mais dans la pyramide de Seilah, qui fait 20 mètres de haut et qui n'a même pas de chambre funéraire, on retrouve une stèle avec le cartouche de Snéfrou qui nous permet d'identifier le monument. Quatre pyramides, les trois plus grosses n'ont aucune inscription et la 4ème qui est un tas de cailloux de 20 mètres, il y a une stèle avec son nom dessus...

Logiquement, on aurait envie de se dire que la petite est à lui, mais pas les trois grandes car nous n'avons pas retrouvé son nom dedans. En plus, avoir quatre pyramides, ça n'a pas vraiment de sens. Sans vouloir s'étaler plus sur le père de Khéops, c'est juste pour démontrer rapidement que la 4ème dynastie n'est pas très bien connue : on manque de documents, quand on en a ils sont contradictoires, il y a des choses qui ne sont pas forcément d'une grande logique...et c'est cette dynastie qui a pourtant laissé les plus grosses pyramides de toute l'Égypte. C'est pour ça que Daniel Jackson dit dans sa conférence que ce ne sont pas les pharaons de cette dynastie qui ont construit les pyramides.

Heckler : Mais alors, qui a bâti les pyramides d'après vous ?

Daniel : D'accord, c'est vrai, j'ignore qui a bâti les pyramides, mais...

Heckler : Les atlantes peut-être ? Ha, ha ! Ou bien les petits hommes verts !

Daniel : Mais ça n'est pas ça l'important ! Non, le véritable problème c'est de savoir à quelle époque elles furent bâties. Nous savons tous aujourd'hui, grâce à de nouvelles découvertes archéologiques, que le Sphinx est beaucoup plus ancien qu'on le croyait !

Cette petite scène en dit long sur ce que pense le réalisateur. À mon avis, pour l'écriture du scénario, il devait y avoir quelqu'un qui connaissait bien le comportement de l'égyptologie académique face à ce genre de remise en question : dans le public d'égyptologues, il y a une majorité de vieux alors qu'en face, il y a Daniel Jackson qui est bien plus jeune que la moyenne. Ensuite, celui qui parle de la découverte de Vyse a une posture très prétentieuse et hautaine. Pour finir, il y a celui qui fait la petite blague avec les atlantes.

C'est la réaction typique des gens qui ont peu d'ouverture d'esprit, notamment quand on leur avance que l'on attribue aux anciens Égyptiens des outils très rudimentaires par rapport à la complexité des constructions de leur époque. Et pour toute réponse, ils ironisent en disant que cela vient peut-être d'une technologie atlante ou extraterrestre !

Plus sérieusement, entre des Égyptiens en tunique de lin dans le désert qui n'ont pas encore inventé la roue et des technologies aliens. Il doit exister quelque chose d'intéressant au milieu !

Pour revenir sur le film, tous les égyptologues partent de la conférence et Daniel Jackson est recruté pour intégrer une équipe composée de scientifiques et de militaires. Ils lui présentent la dalle qui a été découverte en 1928 et qu'on a vu au début du film. Daniel reprend la traduction de la dalle :

Un million d'années dans le ciel se tient Ra, dieu du soleil, enfouie et scellée pour l'éternité...la porte des étoiles. 

Une fois que Daniel Jackson a déchiffré et trouvé un symbole manquant, on lui apprend qu'en réalité, c'est pour faire fonctionner une machine. C'est le cercle qu'on a vu au début du film. Il se passe plein de choses sur des écrans d'ordinateur et tout d'un coup, la porte s'active.

À l'intérieur de l'anneau, il y a une sorte de fluide qui apparaît et ils décident d'envoyer une équipe à travers cette porte. Ils sont transportés à l'autre bout de l'univers sur une planète nommée Abydos et arrivent dans un temple juste devant une pyramide. L'atmosphère étant respirable pour les humains, ils sortent explorer les environs et rencontrent des êtres humains.

Ensuite, une immense pyramide creuse vient se poser par-dessus la pyramide dans laquelle ils sont arrivés. Le chef suprême de ce vaisseau est ni plus ni moins que le dieu soleil Ra. Il est accompagné de soldats qui ont l'apparence des dieux égyptiens. À cet instant, on comprend que ceux que les humains ont pris pour des divinités, sont en réalité des extra-terrestres qui voyagent dans des vaisseaux en forme de pyramides.

Cette théorie selon laquelle les anciennes divinités sont en fait des extraterrestres venus sur Terre il y a très longtemps, existe vraiment. Et pour bien comprendre de quoi il s'agit, on va remonter aux origines de cette théorie dans le chapitre suivant : Évhémérisme et anciens astronautes.