Avalon

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Avalon
Mythologie
Légendes arthuriennes
Nom
Avalon
Autres noms
Avallon

Présentation

L'île d'Avalon, ce qui signifie en breton « l'île aux pommes » ou « la pommeraie », est un lieu légendaire appartenant à l'Autre monde, ou le Sidh de la mythologie celtique. Avalon serait également le lieu de résidence des grandes prêtresses de l'ancienne religion et le dernier refuge de la magie celtique au centre duquel se dresse une montagne avec un cercle de pierre au sommet.

Toutefois, dans la littérature arthurienne, l'île d'Avalon est avant tout le lieu où le corps du roi Arthur fut emmené par Morgane après sa blessure mortelle lors de la bataille de Camlann face à Mordred. Toutefois, c'est également, selon certaines sources, l'endroit où fut forgée l'épée d'Arthur, Excalibur et dans lequel la fée Morgane y serait est la grande prêtresse, accompagnée de ses huit sœurs.

Néanmoins, ce site légendaire a donné lieu à toute sorte d'interprétations en littérature et dans le folklore et les hypothèses de son existence réelle, ou de son inspiration, ne sont clairement pas définies. Cependant, l'une des hypothèses considère que l'abbaye en ruine de Glastonbury Tor serait l'île mythique dans laquelle seraient enterrés Arthur et sa femme Guenièvre.

Cependant, l'île ne se révèle pas aux yeux des profanes, il faut être initié aux sciences magiques pour voir la réalité qui se cache derrière la barrière magique. En effet, Avalon est décrit comme une île perdue, et est invisible pour le commun des mortels. Toutefois, dans l'optique celte, cette île n'est pas forcément entourée d'eau, mais est enveloppée par des brumes éternelles.

Ainsi, seules des magiciennes comme la fée Morgane ou des êtres féeriques comme Merlin, ou la fée Viviane, en connaissent le chemin. Les simples mortels ne peuvent s'y rendre que s'ils y sont conduits par un initié et la plupart du temps, cela se produit lorsqu'ils sont au seuil de la mort. En effet, une fois arrivé au bord du lac, il faut prononcer des incantations magiques pour faire apparaître la barque qui conduit à travers les brumes de l'île cachée.

Histoire

Lieu de fertilité, d'abondance, de jeunesse éternelle et de magie omniprésente, l'île d'Avalon est présentée à travers les textes du Moyen-âge à la fois comme le séjour des morts et l'île des fées. Il s'agit d'un lieu où règnent l'harmonie et la prospérité et où le cours du temps est aboli. Avalon apparaît ainsi comme une sorte de paradis éternel où les défunts peuvent reposer en paix, mais aussi comme un lieu régi par la magie, une sorte de refuge hors du monde où les êtres féeriques puisent la source de leur pouvoir. Ainsi, dans la tradition celtique, on dit que les prêtresses de Ceridwen ont élu domicile sur cette île sacrée.

Cependant, l'île ne se révèle pas aux yeux des profanes, il faut être initié aux sciences magiques pour voir la réalité qui se cache derrière le voile. Une fois arrivé au bord du lac, il faut prononcer des incantations magiques pour faire apparaître la barque qui conduit à travers les brumes de l'île cachée. Il existe d'autres chemins à travers les marécages, mais c'est un labyrinthe et beaucoup se perdent dans les méandres en cherchant désespérément l'île cachée comme si elle se trouvait dans une autre réalité, l'Autre monde du monde celtique.

Selon la tradition mythologique et littéraire, l'île d'Avalon est décrite comme un pays couvert de pommiers magnifiques qui donnent deux récoltes par an, or, la pomme est un symbole universel de sagesse et de connaissance. Le fait que ce fruit soit l'emblème de l'île prouve qu'Avalon est le sanctuaire d'une sagesse originelle et ancestrale. L'île abrite tout le savoir du monde et tous les secrets de la magie. Cela explique pourquoi beaucoup d'objets magiques aux pouvoirs extraordinaires ont été fabriqués en Avalon. On raconte ainsi qu'Excalibur, la puissante épée du roi Arthur offerte par la Dame du Lac a été forgée sur cette île merveilleuse.

L'île d'Avalon, ou l'île aux pommes.

Dans le livre Vita Merlini de Geoffroy de Monmouth, il est dit que l'île d'Avalon est habitée par la fée Morgane et huit autres magiciennes présentées comme ses "sœurs", probablement huit sœurs spirituelles liées à Morgane par leur engagement spirituel et tout le savoir qu'elles partagent. Les neuf sœurs d'Avalon s'apparentent à une communauté de prêtresses, gardiennes d'une magie ancestrale et de secrets universels qu'il faut protéger. Toutes ont des pouvoirs magiques, mais Morgane est de loin la plus puissante de toutes.

En effet, Morgane a en effet le pouvoir de guérir et connaît les vertus de toutes les plantes du monde. Elle sait aussi se métamorphoser et a l'habitude de s'envoler à travers toute la Bretagne sous la forme d'un corbeau. Morgane aurait aussi enseigné à ses sœurs la science des mathématiques, tandis que les autres gardiennes d'Avalon tirent leur pouvoir des forces de la Nature. À ce titre, ces dernières savent aussi dominer les éléments et sont ainsi capables de déchaîner les mers et les vents. On dit même que certaines d'entre elles savent prédire l'avenir.

Dans la légende arthurienne, on évoque Avalon comme un lieu mythique et merveilleux, un lieu connu pour sa richesse et sa douceur de vivre, pourtant, ce n'est pas un endroit où l'on cherche à se rendre, peut-être parce qu'on le sait inaccessible et sacré. Seul le roi Arthur aura le privilège d'y être emmené à la fin de sa vie, recueilli par sa sœur Morgane. Au seuil de sa mort et alors que son univers s'effondre, le roi Arthur se retire du monde des hommes. Il est conduit dans ce refuge de l'Autre Monde où perdurent les anciennes traditions et où des prêtresses dévouées prennent soin de veiller sur les secrets de la nature.

À l'abri de ce sanctuaire, on ne sait pas vraiment si Arthur va être soigné par Morgane ou s'il va reposer en paix aux côtés des autres défunts sous la protection bienveillantes des fées et des magiciennes. Toutefois, étant soumise aux croyances des hommes, l'île d'Avalon aurait ainsi disparu, avec ses personnages et ses êtres légendaires, à mesure que la foi des traditions celtiques faiblissait avec la venue du christianisme.

Les sources anciennes de l'île d'Avalon

La première mention de l'île d'Avalon apparaît sous la forme latine insula Avallonis dans l'Historia Regum Britanniae écrite entre 1135 et 1138 par Geoffroy de Monmouth. L'auteur nous dit qu'après la bataille de Camlann où Arthur fut mortellement blessé en combattant par son propre fils illégitime, Mordred et fut conduit sur cette île. Plus tard, dans certains manuscrits de l'Historia comme dans les Brut, c'est aussi sur cette île que fut forgée l'épée Excalibur : « En l'île d'Avalon fut faite ».

Entre-temps, en 1149, dans l'ouvrage « Vita Merlini », ou « Vie de Merlin », également attribué à Geoffroy de Monmouth, l'auteur y décrit toujours l'île d'Avalon comme étant le lieu où fut conduit Arthur après la bataille de Camlann. Il décrit Avalon comme étant « l'île des pommiers, appelée île Fortunée, parce que ses campagnes pour être fertiles n'ont pas besoin d'être sillonnées par le soc du laboureur ; sans culture et tout naturellement, elle produit de fécondes moissons, des raisins et des pommes sur ses arbres non taillés ; au lieu d'herbes son sol est couvert de toute sorte de récoltes. On y vit plus de cent ans ».

La Dormition d'Arthur à Avalon (1881-1898) par Edward Burne-Jones

Plus loin, l'auteur décrit également dans ce livre les fameuses habitantes de l'île d'Avalon, parmi lesquelles on reconnaît Morgane, la demi-sœur du roi Arthur: « Neuf sœurs y soumettent à la loi du plaisir ceux qui vont de nos parages dans leur demeure ; la première excelle dans l'art de guérir et surpasse les autres en beauté ; Morgen, comme on l'appelle, enseigne ce que chaque plante a de vertus pour la guérison des maladies. (...) On dit qu'elle a enseigné les mathématiques à ses sœurs Moronœ, Mazœ, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronœ, Thiton et Tith, la célèbre musicienne. »

Entre 1138 et 1149, Geoffroy de Monmouth s'était posé la question de la mort d'Arthur qu'il conclura dans la « Vita Merlini » par : « Après la bataille de Camlan nous y avons conduit Arthur blessé, ayant pour pilote Barinthe qui connaissait la mer et les étoiles. À son arrivée, le prince fut accueilli par Morgane avec l'honneur qu'il méritait. (...) Pleins de joie nous lui avons confié le roi et nous avons profité du vent favorable pour notre retour. » Ainsi, par ses derniers mots, Geoffroy laissa donc planer le doute sur le retour du roi Arthur de l'île d'Avalon.

Localisations possibles de l'île d'Avalon

À travers la tradition mythologique et littéraire, l'île d'Avalon est décrite comme un lieu entouré de brumes avec en son centre se dresse un mont couronné d'un cercle de pierre, un cromlech. On ignore par exemple si elle se trouve au milieu d'un grand lac ou en mer, loin au large des côtes de Bretagne. De plus, toujours dissimulée derrière son épais rideau de brouillard, elle est invisible pour le commun des mortels, ce qui rend sa localisation très difficile à situer. Il faut noter que dans la pensée celtique, une île n'est pas nécessairement entourée d'eau, il s'agit de manière plus générale d'un endroit isolé, ou séparé de reste du monde.

Néanmoins, l'île d'Avalon, comme toute l'histoire d'Arthur contée par Geoffroy de Monmouth, va connaître un certain succès dans la seconde moitié du XIIème  siècle. Marie de France la décrit comme une île très belle, tout en précisant qu'elle ne la connaît pas puisqu'elle écrit : « ... À ce que disent les Bretons ». Ce qui semble montrer qu'elle ne se visitait pas au XIIème siècle et qu'elle n'est déjà plus vue que comme une légende. Toutefois, dans Érec et Énide, Chrétien de Troyes la place dans l'actuelle Cornouaille continentale, puisque c'est là que se trouve le berceau des anthroponymes Gradlon et Guyomarc'h.

Glastonbury Tor, lieu probable de la localisation de l'île d'Avalon.

De nos jours, la localisation de l'île d'Avalon est incertaine et multiple, mais la tradition la situe à l'emplacement de la ville anglaise de Glastonbury, dans le Sommerset, à 200 km de Londres située aux pieds de la colline sacrée du Tor. C'est également à Glastonbury, dans les ruines de l'abbaye, que seraient enterrés le Roi Arthur et son épouse Guenièvre. Toutefois, la localisation d'Avalon à Glastonbury, à la fin du XIIème siècle est certainement liée au souhait des moines de cette abbaye de développer un pèlerinage et de se placer sous la protection du roi Richard Cœur de Lion en faisant vivre la renommée du désormais célèbre roi breton.

En effet, la découverte (qui peut paraître miraculeuse), juste l'année suivante l'accession au trône de Richard, en 1191, d'une tombe ornée d'une croix sculptée, servit grandement cette démarche. Sur la croix en question était, en effet, gravée l'inscription : « Hic jacet sepultus inclytus Rex Arthurus in insula Avalonia », ce qui signifie « Ci-gît enterré le glorieux roi Arthur dans l'île d'Avalon ». Plus tard, le Haut Livre du Graal (première moitié du XIIIème siècle) semble vouloir s'appuyer sur la localisation d'Avalon à Glastonbury. Cependant, cette tombe hypothétique fut déplacée par le roi d'Angleterre Édouard Ier en 1278, et le mystère de cette dernière ne fut jamais élucidé.

Interprétation mythologique

L'île d'Avalon peut donner lieu à diverses interprétations mythologiques qu'il faut néanmoins prendre avec précaution. Si l'on se réfère à la tradition mythologique celte et plus largement, indo-européenne, l'île d'Avalon fait figure d'une sorte de pays des morts, comme les Champs Élysées, ou tout du moins de l'Autre Monde. Le séjour d'Arthur en son sein n'est en effet pas définitif, le monde attendant le retour du roi qui doit intervenir tôt ou tard. Elle n'a donc pas nécessairement d'emplacement correspondant au monde réel, encore que son entrée puisse se situer à un endroit connu.

De fait, Arthur y est conduit sur une barque par trois sœurs, et la référence aux pommes (aval dans les langues celtiques) dans le nom d'Avalon rappelle sa dimension d'immortalité, qui n'est une vie éternelle que par défaut : les blessures d'Arthur ne s'y soignent pas. La tradition mythologique grecque donne des éléments parallèles avec la barque de Charon et les pommes d'or du jardin des Hespérides, qui se trouvent également au bout du monde dans un jardin, c'est-à-dire un lieu clos.

Plus la tradition celtique légendaire disparaît, plus Avalon s'éloigne de la terre. Quand Galaad a retrouvé le Graal, la religion chrétienne a supplanté les croyances celtiques et l'île d'Avalon a disparu aux yeux du monde. La fée Morgane est devenue reine d'Avalon et d'autres créatures fantastiques telles que les elfes, les fées.

Source : http://legendearthur.canalblog.com/pages/l-autre-monde/25741402.html