
Présentation
La loi du Talion est un des principes les plus anciens en matière de jugement pour un crime qui consiste en la réciprocité du crime et de la peine.
Cette plus ancienne loi de l'humanité est souvent symbolisée par l'expression populaire "Oeil pour oeil, dent pour dent", et évite en principe toute escalade de la violence sans pour autant l'éradiquer.
Histoire
La loi du Talion apparaît en Mésopotamie au cours du IIIème millénaire avant J.C., et plus particulièrement dans le code de Hammurabi en 1730 avant notre ère dans le royaume de Babylone. Cette loi permet ainsi d'éviter que les personnes fassent justice elles-mêmes et introduit un début d'ordre dans la société en ce qui concerne le traitement des crimes. Elle caractérise un état intermédiaire de la justice pénale entre le système de la vendetta et le recours à un juge comme tiers impartial et désintéressé.
Ainsi, le code de Hammurabi, composé d'une liste de plus de deux cents jurisprudences, contient un grand nombre de cette juste réciprocité du crime et de la peine. Par exemple, si l'effondrement d'une maison tue, respectivement, le propriétaire, le fils ou l'esclave du propriétaire, c'est le constructeur de la maison qui doit être condamné à mort dans le premier cas, le fils du constructeur dans le second et dans le dernier cas, le prix de l'esclave doit être versé au propriétaire.
Bien que la loi du Talion soit également présente dans la Grèce archaïque et la Rome antique, ce principe de vendetta disparaît peu à peu au profit de condamnations pécuniaires. Néanmoins, les invasions barbares au Vème siècle de notre ère raviva le retour de cette loi antique qui s'installa à nouveau dans l'Europe du Moyen-âge. Toutefois, malgré la cruauté de cette loi, elle constitue un progrès contre la loi primitive de la vengeance individuelle, puisqu'elle restreint celle-ci à la réciprocité.
La loi du Talion est admise dans les principales religions monothéistes que sont le judaïsme, le christianisme et l'islam. Par exemple, dans la société hébraïque, les livres de l'Exode et du Lévitique citent toutefois nombre de délits, tels que l'idolâtrie ou l'adultère, passibles de la peine de mort, tandis que le christianisme accepte le principe de la punition légale comme "anticipation du juste jugement de Dieu".
Le Coran insiste sur le respect de la vie d'autrui : "celui qui a tué un homme qui lui-même n'a pas tué, ou qui n'a pas commis de violence sur la terre, est considéré comme s'il avait tué tous les hommes et celui qui sauve un seul homme est considéré comme s'il avait sauvé tous les hommes". Cependant, ce respect n'est pas absolu, comme par exemple, en cas d'homicide volontaire, le Coran donne aux ayants droit la possibilité de se venger sur le coupable en application de la loi du Talion.
De nos jours, la loi n'est plus admise en droit moderne occidental régi notamment par la Convention Européenne des Droits de l'Homme, et est synonyme de barbarie. Elle est remplacée pour certains crimes par des amendes pécuniaires ou des peines d'emprisonnement, que l'on peut considérer comme les premières peines alternatives. Néanmoins, la loi du Talion reste appliquée dans certains pays placés sous le régime de la charia.